PSYCHOTRAUMATOLOGIE
 
PSYCHOTHERAPIE    PSYCHOSOMATIQUE        PSYCHANALYSE

                                                                                            

Psychosomatique

 

CLINIQUE DE L'INTERSUBJECTIVITE

 

Dès lors que deux sujets se lient, un troisième espace psychique s'épanouit, celui de leur intersubjectivité.

​​​​​​Alberto Eigiuer Le Tiers
 

Plus qu'une communication au niveau mental,

l'intersubjectivité est un échange et partage affectif ou cognitif.

 

Tout se construit dans la relation

La théorie de Bion (voir onglet sur ce site) nous explique qu'au niveau des émotions les éprouvés sensoriels béta sont insupportables. Le corps peut être anesthésié (exemple le seuil alexithymique) sur certains affects au niveau des sensations toute comme il peut être totalement débordé par les émotions sans être capable de les exprimer en mettant un lien avec leurs origines (exemple : l'agoraphobie où l'espace est totalement hanté par les projections de la personne).

Les émotions sont à la frontière du psychique et du somatique, entre les éprouvés beta et les éléments élaborés et pensés alpha.

 

Circularité, conflit et inter-psychique 

A mi-chemin du psychisme et du somatique, la théorie de psychosomatique relationnelle vise à l'appropriation de son corps et à sa construction subjective.

La méthode de la psychosomatique relationnelle vise à la capacité à élaborer sur les situations conflictuelles pour pouvoir les dépasser et les transformer. Son outil, la médiation corporelle permet justement de repérer les points de tension et de résistance en partant du corps réel avec l'exploration corporelle pour aller vers un corps imaginaire, le non lien faisant défaut à la fonction imaginaire. Elle s'intéresse (comme Freud) au conflit intra psychique mais avec la spécificité de partir de l'inter-psychique.

Pour la psychosomatique relationnelle, c'est grâce à l'inter qu'on comprend l'intra. Rappelons que la réalité correspond à notre vision et non à la réalité physique : on ne peut pas séparer la résonnance avec l'histoire de la personne, on projette quelque chose de nous sur le monde par une fonction projective.

Cet intra-psychique se glisse en effet au fil du temps dans l'intersubjectivité, intersubjectivité qui se perçoit en rapport avec l'autre et le monde. Progressivement acquérir des capacités à élaborer des situations conflictuelles encore présentes, auxquelles il participe encore et qui l'ont façonné[33].

 

Un des axes majeurs de la psychosomatique relationnelle est de dynamiser la circularité.

 

Pour Freud, le symptôme a une cause linéaire (entre le conflit psychique et le symptôme) mais il est possible de le penser autrement : de façon circulaire.

 

Cette circularité s'oppose à la causalité avec le corps (pathologie), le fonctionnement adaptatif (avec la somatisation et le conflit ou l'impasse avec le maintien du refoulement - exemple on ne rêve pas et on tombe malade-) et la situation relationnelle.

 

Le corps est le point de départ et le point de retour.

Si le corps est le point de départ, il s'agit du corps comme un objet d'apprentissage, considéré pour son pouvoir de projection c'est-à-dire en tant que schéma de représentation qui découpe un dedans et un dehors avant d'introduire la troisième dimension (…). La psychosomatique utilise la projection sensorielle, avec comme point de départ la sensorimotricité, pour développer la projection fantasmatique dont l'expression la plus aboutie est l'activité onirique (…) [34].

Nous retrouvons ici le passage de la bi-dimensionnalité qui va cristalliser la défaillance de la fonction de symbolisation à la tri-dimensionnalité bionnienne qui permet de redonner au symptôme sa propre représentation. Le psychosomaticien relationnel va passer d'une directivité avec l'apport d'un cadre contenant et structurant à une non-directivité. Bien sûr la position du psy est variable en fonction des personnes et évolutive pour ne pas mettre le sujet en difficulté La subjectivation Un des axes majeurs de la psychosomatique relationnelle est d'amener la subjectivation et plus précisément d'amener à relancer une dynamique de subjectivation à partir du corps : il s'agit de dynamiser les ressources avec la fonction imaginaire (le jeu, le rêve et l'affect) en partant du corps propre et en allant de la projection sensorielle vers la projection fantasmatique et la subjectivation. « Il ne s'agit pas d'une reprise consciente du sujet de sa propre subjectivité c'est-à-dire à une subjectivité « objectivée » mais d'une véritable constitution de soi en tant que subjectivité et rappelle que l'attitude du thérapeute consiste à recevoir sans déformer l'autre en n'enfermant pas sa réalité dans un système de connaissance, en ne projetant pas un savoir sur lui[35].

 

L'objectif est de relancer une véritable dynamique de subjectivation à partir du corps propre en tant que structure spatiale dotée d'un pouvoir originel de projection d'abord sensorielle puis fantasmatique ; il s'agira de favoriser un espace corporel unifié (par-delà les ruptures du traumatisme) afin d'accéder à une activité de synthèse par un abord réflexif et expérientiel inclus dans une relation intersubjective, nécessaire à l'apparition du corps propre (histoire affective), fondement de l'activité de représentation et de l'espace imaginaire (le corps propre considéré comme le shème de tous les shèmes).

 

Le thérapeute va accompagner le sujet à se relier à ses potentialités sensorielles et émotionnelles (identifiation, expression), affectives (intersubjectives, intercorporeité) et imaginaires (oniriques). La dynamisation de la circularité va restaurer un lien fondamental entre ls différents pôles du trépid psychosomatique : fonctionnement- situation relationnelle conflictuelle – pathologie.[36]

 

[1] La pensée, Approche psychanalytique, M. Emmanuelli et F. Nayrou, PUF, 2015, p. 3

[2] La pensée, Approche psychanalytique, M. Emmanuelli et F. Nayrou, PUF, 2015, p. 4

[3] D. Winnicott, La mère suffisamment bonne, 1953

[4] La pensée, Approche psychanalytique, Sensorialité, Enveloppes et signifiants primordiaux, B.Golse, PUF, 2015, p. 63 et 64

[5] P.Delion, l'observation du bébé selon Esther Bick, son intérêt dans la pédopsychiatrie d'aujourd'hui, Eres, 2004, p.141

[6] D.Anzieu, le Moi-Peau, Dunod, 1985

[7] La pensée, Approche psychanalytique, M. EMMANUELLI et F. NAYROU, PUF, 2015, p. 3

[8] La pensée, Approche psychanalytique, M. EMMANUELLI et F. NAYROU, PUF, 2015, p. 3

[9] La pensée, Approche psychanalytique, Le rôle de l'objet dans la constitution de la pensée chez Bion, C.Athanassiou-Popesco, PUF, 2015, p. 63 et 64

[10] La pensée, Approche psychanalytique, Le rôle de l'objet dans la constitution de la pensée chez Bion, C.Athanassiou-Popesco, PUF, 2015, p. 63 et 64

[11] P.Delion, l'observation du bébé selon Esther Bick, son intérêt dans la pédopsychiatrie d'aujourd'hui, Eres, 2004, p.260

[12] S.Freud, Remarques psychanalytiques sur l'autobiographie d'un cas de paranoïa, Résultats, Idées, Problèmes Paris, PUF, 1984

[13] S. Freud, Pulsions et destin des pulsions, Métapsychologie, Galliamard, 1968

[14] M. Klein, Notes sur quelques mécanismes schizoides, Développement d la psychanalyse, PUF, 1966

[15] W.R. Bion, aux sources de l'expérience, PUF, 2003

[16] La pensée, Approche psychanalytique, Le rôle de l'objet dans la constitution de la pensée chez Bion, C.Athanassiou-Popesco, PUF, 2015, p. 50 à 53

[17] S.Freud, L'inconscent, Métapsychologie, Gallimard, 1991

[18] W.R. Bion, Transformations – passage de l'apprentissage à la croissance, PUF, 1982

[19] W.R.Bion, Eléments de Psychanalyse, PUF, 1979, p.5

[20] P.Delion, l'observation du bébé selon Esther Bick, son intérêt dans la pédopsychiatrie d'aujourd'hui, Eres, 2004, p.177

[21] M.Klein, « notes sur quelques mécanismes schizoïdes »

[22] W.R.Bion, Développement de la pensée schizophrénique, Réflexion faite, PUF, 1983

[23] W.R.Bion Différenciation des personnalités psychotiques et non psychotiques, Réflexion faite, 1983

[24] W.R.Bion, L'arrogance, Réflexions faite, PUF, 1983

[25] W.R.Bion, Attaque contre les liens, Réflexions faite, PUF, 1983, p.105-123

[26] La pensée, Approche psychanalytique, M. EMMANUELLI et F. NAYROU, PUF, 2015, p. 5 et 6

[27] La pensée, Approche psychanalytique, M. EMMANUELLI et F. NAYROU, PUF, 2015, p. 6

[28] La pensée, Approche psychanalytique, M. EMMANUELLI et F. NAYROU, PUF, 2015, p. 7

[29] La pensée, Approche psychanalytique, La pensée du psychanalyste dans la cure, Le travail avec les états-limites, F.Richard, PUF, 2015

[30] A.Green, L'analyste, la symbolisation et l'absence dans le cadre analytique, La folie privée, G, Gallimard, 1974, p. 74

[31] A.Green, L'analyste, la symbolisation et l'absence dans le cadre analytique, La folie privée, G, Gallimard, 1974

[32] W.R.Bion, Entretiens psychanalytiques, Gallimard, 1980, p.121

[33] P.Boquel, Nouveau manuel illustré de médiation corporelle en psychosomatique relationnelle, CRESMEP, Oct. 2021, p. 316

[34] P.Boquel, Nouveau manuel illustré de médiation corporelle en psychosomatique relationnelle, CRESMEP, Oct. 2021, p.19

[35] P.Boquel, Nouveau manuel illustré de médiation corporelle en psychosomatique relationnelle, CRESMEP, Oct. 2021, p.21

[36] P.Boquel, Nouveau manuel illustré de médiation corporelle en psychosomatique relationnelle, CRESMEP, Oct. 2021, p. 22

[37] P.Boquel, Nouveau manuel illustré de médiation corporelle en psychosomatique relationnelle, CRESMEP, Oct. 2021, p. 314

[38] P.Boquel, Nouveau manuel illustré de médiation corporelle en psychosomatique relationnelle, CRESMEP, Oct. 2021.

[39] P.Boquel, Nouveau manuel illustré de médiation corporelle en psychosomatique relationnelle, CRESMEP, Oct. 2021, p. 164

[40] J. Lacan, Ouverture de la section clinique, le 5 Octobre 1976

 

 

PSYCHOSOMATIQUE RELATIONNELLE

 

« En Psychosomatique Relationnelle, le corps garde la trace des situations conflictuelles qui ont dévié ou fait obstacle au développement du sujet :

une trace sur laquelle la relation thérapeutique exerce un pouvoir de résolution et de transformation [1]».

 

Si le corps est le point de départ, il s’agit du corps comme un objet d’apprentissage, considéré pour son pouvoir de projection c’est-à-dire en tant que schéma de représentation qui découpe un dedans et un dehors avant d’introduire la troisième dimension (…). La psychosomatique utilise la projection sensorielle, avec comme point de départ la sensorimotricité, pour développer la projection fantasmatique dont l’expression la plus aboutie est l’activité onirique (…) [2].

Pierre Boquel précise qu’il ne s’agit pas d’une reprise consciente du sujet de sa propre subjectivité c’est-à-dire à une subjectivité « objectivée » mais d’une véritable constitution de soi en tant que subjectivité et rappelle que l’attitude du thérapeute consiste à recevoir sans déformer l’autre en n’enfermant pas sa réalité dans un système de connaissance, en ne projetant pas un savoir sur lui[3].

L’objectif est de relancer une véritable dynamique de subjectivation à partir du corps propre en tant que structure spatiale dotée d’un pouvoir originel de projection d’abord sensorielle puis fantasmatique ; il s’agira de favoriser un espace corporel unifié (par-delà les ruptures du traumatisme) afin d’accéder à une activité de synthèse par un abord réflexif et expérientiel inclus dans une relation intersubjective, nécessaire à l’apparition du corps propre (histoire affective), fondement de l’activité de représentation et de l’espace imaginaire (le corps propre considéré comme le schème de tous les schèmes).

Le thérapeute va accompagner le sujet à se relier à ses potentialités sensorielles et émotionnelles (identification, expression), affectives (intersubjectives, intercorporeité) et imaginaires (oniriques). La dynamisation de la circularité va restaurer un lien fondamental entre ls différents pôles du trépied psychosomatique : fonctionnement- situation relationnelle conflictuelle- pathologie.

La théorie de psychosomatique relationnelle pose la question de savoir comment apporter de l’aide à quelqu’un dont la maladie est à mi-chemin du psychisme et du somatique[4].

Le corps qui s’engage dans cette médiation en psychosomatique relationnelle est un corps doté d’un pouvoir de projection et considéré dans ses capacités sensorimotrices dont la perception guide ses potentialités d’action ainsi que l’ensemble de la cognition[5].

Il s’agit pour le sujet de s’approprier son corps et son fonctionnement subjectif en interagissant en permanence avec les situations qui les traverse. Par la dynamique de subjectivation il va exercer une action sur sa propre construction subjective. Progressivement acquérir des capacités à élaborer des situations conflictuelles encore présentes, auxquelles il participe encore et qui l’ont façonné[6].

 

La relation au cœur de la psychosomatique relationnelle

 

Le corps est façonné par la relation[7] et relancer le processus de subjectivation passe inévitablement par une dissolution relationnelle de l’impasse[8].

La psychosomatique relationnelle s’intéresse au conflit intra psychique qui se glisse au fil du temps.

Le thérapeute occupe cette place d’’altérité[9].

En ce sens le thérapeute permet à la fois de rejouer le transfert mais aussi (et c’est la différence avec la psychanalyse) de l’aider à faire de lien et objectiver (au sens de repérer, se questionner) et subjectiver (au sens d’une véritable constitution de soi).

Pierre Boquel parle de « subjectivité objectivée[10] ».

En d’autres termes, la subjectivation nécessite l’objectivation préalable du sujet et celle-ci peut se réaliser dans l’espace thérapeutique, via l’espace onirique ou corporel.

Ces deux modes d’apparition du sujet, avec, en arrière-plan la situation conflictuelle, sont complémentaires et la subjectivation gagne à y recourir dans la thérapie[11]

Freud, lui, aborde plus le conflit intra psychique, Lacan le conflit structurel et Winnicott le conflit transitionnel.

Ce passage du perceptif au cognitif, par l’intermédiaire de l’interpellation thérapeutique, ce que nous appelons « subjectivation », équivalent à une prise de conscience de soi grâce à un mode d’apparition du corps sur un plan donnée (onirique, représentatif, artistique etc.). Le thérapeute multiplie les possibilités de modes d’apparition du sujet et repère entre eux les liens de circularité, ce qui amène le patient à une synthèse perceptive de soi dans laquelle s’intègre la présence du thérapeute. Par elle, le patient se relie à son histoire et la subjectivation succède à l’objectivation, entraînant, par ce passage, la transformation de l’être[12].

 


[1] P.Boquel, Nouveau manuel illustré de médiation corporelle en psychosomatique relationnelle.

[2] P.Boquel, Nouveau manuel illustré de médiation corporelle en psychosomatique relationnelle, p.19

[3] P.Boquel, Nouveau manuel illustré de médiation corporelle en psychosomatique relationnelle, p.21

[4] P.Boquel, Nouveau manuel illustré de médiation corporelle en psychosomatique relationnelle, p. 22

[5] P.Boquel, Nouveau manuel illustré de médiation corporelle en psychosomatique relationnelle, p. 314

[6] P.Boquel, Nouveau manuel illustré de médiation corporelle en psychosomatique relationnelle, p. 316

[7] P.Boquel, la psychosomatique relationnelle, Esprit et corps, 2012, p.41

[8] P.Boquel, la psychosomatique relationnelle, Esprit et corps, 2012, p.77

[9] P.Boquel, la psychosomatique relationnelle, Esprit et corps, 2012, p.48

[10] P.Boquel, la psychosomatique relationnelle, Esprit et corps, 2012, p.77

[11] P.Boquel, la psychosomatique relationnelle, Esprit et corps, 2012, p.85

[12] P.Boquel, la psychosomatique relationnelle, Esprit et corps, 2012, p.40

 

 

PSYCHOSOMATIQUE ET IDENTITE

 

La psychosomatique relationnelle aborde largement le fonctionnement adaptatif dans lequel le rapport à soi est problématique. Certains n’existent qu’avec un cadre qui les structurent d’autres évitent le conflit.

Le modèle adaptatif se réfère à un modèle appris et reproduit avec une prévalence de la pensée rationnelle (concrète). C’est un fonctionnement en double. On est dans le conformisme. Le choix n’existe pas, tout vient de l’extérieur.

 

Identité et psychothérapie : un exemple avec l'art thérapie

 

Le travail que nous pouvons faire en Art-Thérapie en travaillat l’autoportrait invite le spectateur à ne pas se laisser berner par l’apparence mais à chercher la vérité ailleurs que dans l’image donnée de soi. L’existence d’une vérité derrière l’apparence ainsi que la difficulté de réaliser son autoportrait est ce qui doit être recherché à exprimer. Certes, le travail sur l’autoportrait en Art-Thérapie peut être complément complémentaire avec une analyse ou une psychanalyse, ou pas.

 

Recherche sur soi, interrogation, blocages, refoulements et conflits seront nécessairement questionnés.

 

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